Il y a des victoires minuscules qui font trembler tout un salon : voir un petit doigt pointer la fenêtre, entendre un « chat ! » jaillir avec la fierté de celui qui découvre le feu. À 22 mois, chaque syllabe prononcée trace une frontière nouvelle dans le pays du langage, et les parents assistent, ébahis, à l’éclosion de cette mystérieuse cartographie verbale.
Mais pourquoi certains enfants jouent-ils déjà à assembler deux ou trois mots, tandis que d’autres se contentent de murmurer, ou préfèrent le silence à la parole ? Impossible de trouver une recette universelle : à cet âge, le vocabulaire, c’est du sur-mesure. Chacun avance à sa cadence, dévoilant un univers singulier et imprévisible.
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Plan de l'article
À 22 mois, où en est le langage d’un enfant ?
À 22 mois, le développement du langage franchit une frontière décisive. Les professionnels l’affirment : la plupart des enfants disposent alors d’une palette de 50 à 200 mots. Une fourchette large, qui reflète la diversité des trajectoires. Certains débitent déjà de petites phrases, d’autres restent attachés à des mots solitaires, tandis que certains privilégient encore les gestes ou des sons énigmatiques.
Le langage de l’enfant à cet âge s’ancre dans le quotidien, se nourrit d’objets familiers et de visages connus. Les premiers verbes et adjectifs s’immiscent, grâce à l’observation, à l’imitation. Les associations se dessinent, souvent maladroites mais révélatrices : « veux gâteau », « encore eau ». Pas encore des phrases, mais déjà des esquisses de syntaxe.
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- Vocabulaire : mots pour nommer la famille, les animaux, des gestes simples
- Compréhension : aptitude à répondre à des consignes simples, à reconnaître ce qu’on nomme
- Développement psychomoteur : articulation qui se précise, voix de plus en plus expressive
Le rythme de cette acquisition du langage dépend d’une multitude de paramètres : ambiance familiale, sollicitations, personnalité de l’enfant. Rien n’est linéaire. Certains absorbent tout, puis se lancent brusquement ; d’autres avancent mot par mot, parfois en privilégiant la compréhension avant la parole. La seule certitude : la curiosité et l’échange sont les moteurs principaux de cette aventure linguistique.
Quels mots et expressions peut-il déjà prononcer ?
À 22 mois, le vocabulaire de l’enfant ressemble à un inventaire intime de son univers. Les mots surgissent pour combler les besoins, désigner l’évidence, nommer ceux qui comptent. On retrouve souvent « papa », « maman », « doudou », « lait », « non », « encore ». L’enfant combine parfois ces précieuses trouvailles pour faire entendre ses désirs : « veux bras », « pas dodo », « où papa ? ».
Le langage à cet âge s’accompagne d’une prononciation fluctuante, parfois inventive, toujours expressive. Les syllabes se bousculent, certains sons s’évaporent, mais l’intention reste limpide pour l’entourage. Les premiers verbes apparaissent : « donner », « tomber », « partir ». S’y ajoutent des adjectifs simples : « gros », « beau », « sale ». Progressivement, l’enfant s’aventure à combiner deux, parfois trois mots, esquissant la trame de véritables phrases.
- mots du quotidien : objets, nourritures, animaux familiers
- expressions relationnelles : « tiens », « à moi », « coucou »
- phrases balbutiantes : « veux eau », « fini gâteau »
La variété des premiers mots dépend de ce que l’enfant entend, voit et partage. Un petit qui grandit au son des histoires, des chansons, des conversations variées, enrichit vite son lexique. La compréhension va toujours plus loin que la parole : l’enfant saisit plus de mots qu’il ne s’aventure à en prononcer. À 22 mois, le langage s’étire, prépare le terrain à une explosion de vocabulaire qui ne tardera pas à bouleverser l’équilibre familial.
Comprendre les écarts de vocabulaire entre les enfants du même âge
À 22 mois, le fossé entre les répertoires de mots des enfants intrigue, parfois inquiète. Il y a ceux qui tissent déjà des mini-histoires et ceux qui économisent leurs paroles. Ce décalage ne traduit pas une course au développement, mais une mosaïque de facteurs imbriqués.
Le rythme de chaque enfant, la richesse des échanges à la maison, la fréquence et la variété des dialogues, tout cela pèse lourd dans la balance de l’acquisition du langage. Dans un foyer où la parole circule, les mots fleurissent plus vite ; à l’inverse, un contexte moins stimulé, ou la présence de deux langues, peut ralentir l’apparition de nouveaux mots — sans que cela soit inquiétant en soi. Ce n’est pas forcément un retard du langage.
- Stimulation variable : quantité et qualité des interactions verbales influencent la progression
- Facteurs génétiques ou neurologiques : certains enfants ont plus d’aisance à jouer avec les sons, à retenir des mots
- Signes à surveiller : vocabulaire très restreint, absence d’association de mots ou incompréhension durable doivent inciter à consulter
En cas de doute, un bilan orthophonique permet d’y voir plus clair — pour distinguer une petite différence de rythme d’un obstacle réel. L’expertise professionnelle complète la vigilance parentale, et ajuste si besoin l’accompagnement. Mieux vaut prévenir que laisser s’installer un trouble qui aurait pu être détecté tôt.
Favoriser l’éclosion du langage au quotidien : conseils pratiques pour les parents
À 22 mois, l’apprentissage du langage s’enracine dans l’ordinaire, dans le ballet des gestes familiers et la complicité des échanges. Pas besoin de séances formelles ou de méthodes spectaculaires : c’est la spontanéité, la joie partagée autour du mot nouveau, qui fait germer le vocabulaire.
- Partagez des moments de lecture. Les albums colorés, aux phrases courtes, captivent et invitent à la répétition. L’enfant associe peu à peu le mot à l’image, et se construit un petit dictionnaire personnel.
- Chantez des comptines, jouez avec les doigts. Les rythmes, les mélodies, les gestes accompagnent la mémoire des sons et aiguisent l’articulation.
- Commentez chaque geste du quotidien. Nommez ce qui entoure l’enfant, décrivez les actions, donnez vie aux objets par les mots.
La stimulation du langage s’appuie aussi sur l’écoute et la valorisation. Prendre le temps de répondre à ses essais, encourager chaque mot, même bancal, nourrit la confiance en soi. L’échange, l’imitation et la répétition sont les piliers du développement du langage à cet âge.
Les jeux symboliques — dînette, poupées, petites voitures — ouvrent à l’invention de récits, à l’attribution de rôles et d’actions, à la naissance d’histoires. Cette envie de raconter, de nommer, de jouer avec les mots, pose les fondations de l’expression future.
Chaque mot jaillit comme une passerelle, reliant l’enfant à ceux qui l’écoutent. Sur ce chemin parfois sinueux, une chose reste sûre : chaque tentative, chaque balbutiement, est une promesse d’aventure et de découverte.